Dans ma rue j'ai croisé Baudelaire, casquette vissée
Vocabulaire vulgaire du sale gosse, cliché.
Il rappe sans tricher, magicien du verbe
L'institution scolaire n'y a jamais rien pigé.
J'ai croisé Césaire, Guillaume Apollinaire
Sous les traits d'un dealer d'herbe, sous l'porche niché.
Des grammes, des vers
Escobar, Prévert
Subtil, primaire
Usine ou revolver
J'ai vu les murs et la langue de Molière
Amplifier les murmures de la classe ouvrière.
Puis j'ai entendu Delerm. J'ai gerbé.
Tant qu'c'est par Amour du Verbe, c'est fair-play.
La rue mon Panthéon
Mallarmé, Aragon,
A part kicker des sons, pensent qu'à spliffer
J'décharge mes rimes
Et par ces lignes
J'm'évade, Mesrine
Punchline, Céline
Rimes et bitume et vicissitudes
Les poètes maudits abîmés titubent
Écrivent leurs vies rudes sans buts ni mobiles
Une feuille un stylo une mélodie
Moi j'suis le fils de personne
J'écris des rimes à la vitesse où dribble Iverson
En vérité qu'le Ciel me pardonne
Quand t'as bouclé l'premier couplet j'ponds un album
On nous a pris pour des primates et des analphabètes
Mais quelle idée d'faire du rap au pays d'Victor Hugo
C'est nous les misérables quand les gens se payent nos têtes
J'peux plus voir ces putes même en peinture : Toulouse Lautrec
Ellipse
Métrique
La street
Maîtrise
L'élite
Méprise
D'la poésie urbaine mais quelle bêtise !
Il est grand temps qu'tu t'embourgeoises ou t'clubbises
Coups d'blues
Coups durs
A coups d'mesures
La loose
A coup à sûr
Moi j'ai pas choisi d'épouser la sous-culture
C'est pas mes punchlines qui orneront ma sépulture